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La geste de Jeanne s’enracine dans une enfance pieuse, terrain propice au discernement de l’appel de Dieu. Cette piété populaire ordinaire est ainsi le terreau d’une mission extraordinaire.

 

 

Sur les pratiques de dévotion, l’autonomie des laïcs est plus grande.Elles ne sont pas d’obligation même si l’Église y encourage. Chacun est libre de venir prier à son heure dans l’église paroissiale. Jeanne se recueille souvent devant la statue de la Vierge qu’elle vêt de guirlandes fleuries et de cierges. Déjà elle multiplie les occasions de prier. Le soir, lorsque les cloches sonnent l’Angélus, elle fléchit les genoux dans les champs et récite de dévotes oraisons après s’être signée. Toutes les fois qu’elle le peut, elle vient alors à l’église réciter ses Ave Maria. Le samedi, elle se rend sur une colline forestière au-dessus de greux à la chapelle de Bermont qu’avait fondée au XIe siècle saint Thibaut.

La statue de la Vierge était considérée comme miraculeuse et le samedi était le jour consacré à la Vierge. Les filles du village s’y rendaient volontiers avec fleurs et cierges. Bermont avait beau n’être qu’un sanctuaire champêtre et proche, s’y rendre donnait droit aux mérites du pèlerinage. Chaque pas sur ce chemin pentu était, disait-on, une victoire sur le péché qui rapprochait de Dieu. Les sanctuaires locaux, dont le rôle grandit à la fin du Moyen-Age, font entrer le pèlerinage dans la vie quotidienne et le rendent accessible aux femmes, aux jeunes, aux malades qui ne pouvaient partir plus loin. La vie toute entière du chrétien ne devait-elle pas être un chemin vers Dieu ?

Colette Beaune, Jeanne d’Arc, Perrin (2004), col. Tempus, 2009, p. 64

Photos: Chapelle Notre-Dame de Bermont / Statue de Notre-Dame de Bermont (aujourd’hui dans la crypte de la basilique à Domrémy)

La vie toute entière du chrétien ne devait-elle pas être un chemin vers Dieu ?