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L’inscription de l’avortement dans la Constitution et le projet de loi sur l’euthanasie manifestent que notre régime politique est gouverné par des forces de mort. La manipulation du mensonge pour légitimer ces lois iniques révèle que c’est le « Père du mensonge », « homicide dès l’origine » qui en est l’inspirateur. 

 

Alors que la « liberté d’avorter » a été intégrée dans la constitution et qu’une loi autorisant le suicide assisté et l’euthanasie est annoncée pour le mois de mai, comment interpréter le moment historique que traverse la France ? Pour combattre une maladie, il faut au préalable poser un diagnostic. Pour s’engager dans une lutte, il faut connaître son adversaire. Sinon, vain est le combat et sûre est la défaite.

Ce qui saute aux yeux dans ces deux événements, c’est le rapport au langage qu’ils révèlent. Le fait de tuer un être humain innocent dans le ventre de sa mère est nommer une liberté. Le fait de tuer un malade en fin de vie est présenté comme un acte de fraternité. Si l’on ajoute que le présupposé commun à ces deux lois est la nécessaire égalité dans l’accès à ces « services » remboursés par la sécurité sociale, on doit constater que la devise de la République française s’incarne aujourd’hui dans la glorification du règne de Thanatos, la mort.

Cette falsification du sens des mots est caractéristique des régimes totalitaires. Elle est au cœur de la dystopie de Georges Orwell 1984, elle est omniprésente dans l’Allemagne nazie et dans le communisme. Le poète polonais Czeslaw Milosz, prix Nobel en 1980, a forgé un mot pour dire cela : la logocratie ; ce sont les mots qui sont au pouvoir. Qu’est-ce à dire ?

Le langage est « comme le sang de la vie sociale » dit Rémi Brague. Il est le premier lien entre les hommes. Celui qui pervertit le sens des mots empoisonne donc la vie de la société. Toute idéologie totalitaire voulant créer un homme nouveau est amenée à nier le donné naturel humain pour lui substituer une fiction. Cette négation commence et s’accompagne de la subversion du sens des mots. La liberté et la fraternité ne sont-elles pas des propriétés essentielles d’un monde humain digne de ce nom ? Digne, c’est-à-dire correspondant aux exigences morales et politiques de ce qu’est un être humain. La liberté et la fraternité, ainsi que l’égalité, ont été approfondies et mûries en pays de chrétienté. Comme elle est grande la liberté humaine si elle est un don de Dieu grâce auquel l’homme peut Le choisir et L’adorer ! Comme elle est belle la fraternité si elle manifeste la conscience et la responsabilité d’être enfants du même Père divin ! Comme elle est exigeante l’égalité si elle manifeste la dignité d’être tous créés et sauvés par le même Dieu !

Mais notre régime politique, depuis son origine révolutionnaire, est fondé sur le refus de se recevoir collectivement de Dieu. Il prétend construire une vie sociale en rejetant toute référence à Dieu. « Vous serez comme des dieux », tel est le programme maçonnique de la République depuis son commencement.

Le langage est « comme le sang de la vie sociale ». Il est le premier lien entre les hommes. Celui qui pervertit le sens des mots empoisonne donc la vie de la société.

. Ce que nous voyons aujourd’hui est que cette prétention de construire une vie sociale sans Dieu engendre en réalité la mort. L’essence diabolique de notre régime politique apparaît ainsi au grand jour si l’on se souvient que Notre Seigneur dit que le diable est « homicide dès le commencement » (Saint Jean 8, 44).

Mais cette mort, aujourd’hui glorifiée (songeons à la grotesque cérémonie du 8 mars sur la place Vendôme), n’est jamais nommée comme telle. Le « crime abominable » de l’avortement est présenté comme la clef de voûte de la condition féminine. Mais si la liberté de tuer son enfant dans son sein est la réalisation de la féminité, c’est bien que la maternité est une aliénation. D’aucuns répondraient que ce n’est pas la maternité qui est ainsi rejetée mais le fait qu’elle soit « non-choisie ».

Certes, mais cette liberté qui se mesure au refus de tout donné antérieur ne serait-elle pas d’inspiration angélique ? A la sagesse divine, immanente à l’ordre naturel jusque dans sa matérialité, s’oppose l’ange rebelle, Lucifer, refusant de se recevoir de Dieu et haïssant tout ce qui vient de Lui, spécialement la procréation. Il est donc logique que dans le même verset que cité plus haut, Jésus affirme que le diable est « le père du mensonge ». Celui-ci refuse le sens objectif des mots, il hait la vérité celle-ci ne pouvant être reçue que dans l’humilité.

Par là-même est découverte l’identité du père, source de cette « fraternité » s’illustrant dans le fait de tuer son prochain.

 

Thibaud Collin

 

Illustration: Goya, Saturne dévorant son enfant, 1823 (Musée du Prado, Madrid)