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Comment interpréter la décision d’Emmanuel Macron d’introduire dans la Constitution de la République française la prétendue liberté de la femme d’avoir recours à l’avortement ? Selon quel registre d’intelligibilité du réel en rendre compte ? Vatican II invite les catholiques à scruter les signes des temps et à les interpréter à la lumière de l’Évangile. (Gaudium et spes, 4) Cette lumière permet de repérer les forces surnaturelles qui sont à l’œuvre dans l’histoire humaine ; et d’interpréter certains événements comme les étapes d’un conflit dont les protagonistes sont Dieu, Satan et les êtres humains.

En effet, comment comprendre cet impérieux désir de sacraliser la liberté de tuer un être humain à son stade embryonnaire ? C’est-à-dire là où il est le plus vulnérable et dépendant de sa mère et de la société dans laquelle celle-ci vit ? La tradition chrétienne nous offre le moyen de penser la source de ce désir obsessionnel : le mystère de l’iniquité. La signature de Satan est l’inversion de la création divine. Il ne peut certes rien créer mais il peut singer Dieu en embarquant les hommes dans son projet de décréation, moyen par lequel il cherche à leur faire croire qu’ils seront effectivement « comme des dieux » (Gn 3,5). Ici l’inversion est manifeste : le meurtre de l’innocent est consacré comme une liberté fondamentale alors qu’il est la transgression de la loi morale fondamentale : « tu ne tueras pas ».

Le meurtre de l’innocent est consacré comme une liberté fondamentale alors qu’il est la transgression de la loi morale fondamentale : « tu ne tueras pas ».

De plus, cette liberté de tuer est honorée lors de la Journée internationale des femmes comme si la féminité était d’autant plus exaltée qu’on nie son lien à la maternité ; là encore, inversion manifeste.

Macron en décidant d’inscrire dans la Constitution le droit ou la liberté d’avorter veut ainsi « assurer solennellement que rien ne pourra entraver ou défaire ce qui sera ainsi irréversible. » Est manifeste ici la pathétique fuite en avant d’un monde humain manipulé par les forces du mal qui cherchent à établir un substitut de la loi morale naturelle : telle est l’iniquité d’une telle décision. Sans percevoir la contradiction Macron continue en louant Gisèle Halimi qui, lors du fameux procès de Bobigny en 1972, « marqua une brisure (…) avec cette défense de rupture, refusant la légitimité de la loi et la logique des juges. » Curieux éloge présidentiel d’une contestation de la loi républicaine mais, justement, d’une loi positive qui était encore fondée sur la loi morale : là encore l’esprit de rébellion est manifeste.

De qui Macron est-il la figure en posant un tel acte, c’est-à-dire de qui est-il la manifestation imparfaite anticipée ? Comme le dit saint John Henry Newman commentant saint Paul « de même que les figures du Christ ont annoncé le Christ, les ombres de l’Antichrist précèdent celui-ci. »[1] Celui qui s’attaque à la vie humaine innocente travaille objectivement à l’avènement d’un anti-royaume et s’oppose par là au Royaume du Christ. Rappelons que selon saint Paul, l’Antichrist est cet individu qui apparaîtra au terme d’un période d’apostasie juste avant le retour du Christ. Pour Newman, l’histoire a connu et connaîtra de nombreuses figures de l’Antichrist. Un tel diagnostic permet de mesurer les dimensions et la nature du combat dans lequel les défenseurs de la vie humaine commençante sont engagés. Cela permet de discerner les moyens les plus efficaces à employer : la prière et le jeûne. Moyens qui doivent irriguer la lutte culturelle, politique et sociale pour le respect de la vie de l’enfant à naître et de la dignité plénière de la femme.

Prions et jeûnons pour la conversion d’Emmanuel Macron qui, ne l’oublions pas, a demandé et reçu le baptême à l’âge de douze ans. Prions et jeûnons pour que les parlementaires réunis en congrès mesurent la gravité et les enjeux d’un tel geste.

 

Thibaud Collin

[1] L’Antichrist, Ad Solem, Genève, 1995, p.33